Le Covid-19 est venu bouleverser notre quotidien à tous il y a déjà un an, et pour nous, Lauren & Benjamin, qui avions décidé de démissionner à la date du 31 mars 2020 pour partir faire un tour du monde, il a fait un sacré strike !
Après plus de 6 mois de préparatifs autant matériels, logistiques que psychologiques, et de maintes soirées passées à construire notre projet, tout est tombé à l’eau d’un coup. Bien sûr, nos billets d’avions aux destinations les plus alléchantes les unes que les autres (Vietnam, Australie, Nouvelle-Zélande, Polynésie française, Chili, …) ont tous été annulés et nous nous sommes retrouvés à retourner vivre chez mes parents à la veille du confinement.
Alors, au moment même où nous venions de terminer nos cartons, on reçoit un message qui nous informe que nos billets d’avion (achetés il y a 6 mois) sont annulés. Le point de départ de cette nouvelle aventure au final !
Covid – 1 ; Nous – 0. Et maintenant ?
Après avoir changé d’avis environ un million de fois, nous avons quand même décidé de faire un voyage.
Principalement pour la simple et bonne raison qu’aucun de nous deux n’avait plus de travail ni d’appartement, qu’on avait péniblement économisé pendant 2 ans pour notre projet, et que ça nous paraissait assez compliqué de trouver un nouveau travail pour de nouveau démissionner dans un an. Alors on n’a pas vraiment mis à la poubelle tous les préparatifs d’avant le début de la pandémie mais presque, et on a préparé un tout nouveau voyage en un temps express. Ce ne sera pas le même voyage qu’initialement prévu, mais plutôt un tour d’Europe par la route. Tout s’est enchaîné très lentement et à la fois très vite. Acheter un camion aménagé. Expérimenter la vie en van. Gagner un peu d’argent pour rattraper ce surcoût en faisant les vendanges. Décider qu’on n’aimait pas trop la taille du camion en fait. Le revendre et acheter une voiture. Aménager un lit dans la voiture. Revoir notre budget encore et encore et encore. Et voilà, au lieu de mars 2020, le grand départ a eu lieu en octobre 2020 finalement !
Ça fait maintenant quelques mois qu’on est partis, d’un côté sur des chemins bien battus vu qu’il s’agit de l’Europe et qu’on n’est jamais trop loin de chez soi, mais d’un autre côté quelque peu un saut dans l’inconnu avec cette épidémie en cours. Covid – 1 ; Nous – 1.
Alors qu’est-ce que ça change vraiment de voyager en 2021 ?
Du positif…
Parmi les aspects positifs qu’on peut citer, c’est qu’on a accès à des sites ultra touristiques complètement déserts, tout comme des visites guidées totalement personnalisées vu qu’on est tous seuls avec le guide.
On peut aussi réserver les meilleurs logements à la dernière minute et se pointer au resto sans jamais avoir à réserver (ok, on s’est fait recaler une fois en Albanie).
Et on a cette petite sensation d’être des grands aventuriers à chaque fois que les locaux nous demandent “Mais qu’est-ce que vous faites ici ??” en regardant notre plaque d’immatriculation avec des yeux ronds.
D’ailleurs, nous avons été extrêmement bien accueillis par les locaux dans tous les pays que nous avons visités (sauf en Suède où malgré l’envoi de dizaines de messages pour faire du bénévolat, nous n’avons jamais eu de retours) et avons pu discuter de tout et n’importe quoi – et bien souvent pas du tout du Covid-19 ! Nous avons aussi pu rencontrer tant de gens car nous ne sommes pas autonomes niveau logement en hiver dans la voiture et donc nous ne regrettons pas le choix de revendre le camion.
Finalement, le fait que le voyage soit un peu improvisé nous a permis de vivre de vrais dépaysements et d’être réellement surpris à la découverte de nos pays voisins européens pourtant si proches.
…Et du négatif
Parmi les aspects négatifs, disons que selon les pays, les musées, sites touristiques, bars et restaurants sont fermés et qu’on a quand même l’impression de rater une partie de la découverte culturelle du pays.
Il y a aussi le temps qu’on passe à chercher des informations sur les restrictions locales en vigueur ou à venir, et ce presqu’au jour le jour vu qu’il n’y a parfois aucun préavis. Nous avons tout de même subi quelques désillusions liées à notre itinéraire : la Norvège a changé ses conditions d’entrée à minuit le jour avant notre passage en imposant le test PCR par exemple, alors que nous étions en Suède qui ne proposait pas de tests PCR aux touristes à l’époque. On a parfois un peu l’impression de voyager ‘par défaut’ sans être maîtres de nos envies (même si les surprises sont bien agréables par moment, bien entendu).
Par ailleurs, le fait que de nombreux gîtes soient fermés à cause du Covid-19 sans désactiver leur compte Booking ou Airbnb nous amène parfois à nous retrouver sans logement à la dernière minute (attention à ceux qui préparent déjà leurs vacances d’été, essayez vraiment d’avoir une confirmation écrite que votre réservation a bien été prise en compte). Ou alors on loge parfois dans des gîtes où l’on est les premiers touristes depuis des mois et le chauffage n’a jamais été rallumé de l’hiver et on a super froid (par exemple, on s’est réveillés dans une pièce à 12°C en Bulgarie) !
Finalement, au niveau financier, il y a le prix des tests PCR à l’étranger qui se situe aux alentours des 100 euros par personne en moyenne.
Réflexions de voyages
Nous avons beaucoup douté au départ du bien-fondé de ce voyage à vrai dire. On culpabilisait presque en se disant que ce serait plus solidaire en ces temps de crise de rester faire du bénévolat en France.
Ça nous dérangeait de quitter nos proches au moment où la France se reconfinait pour la deuxième fois et c’est vrai que c’est dur d’essayer de soutenir moralement ses amis tout en étant à distance et en vivant un quotidien différent. Puis, il y a la question éthique aussi de se rendre dans des pays où les infrastructures hospitalières sont peut-être déjà saturées et n’ont pas besoin de rajouter à leurs patients des touristes venus prendre du bon temps chez eux. Mais au final, il nous a semblé important de faire ce voyage pour réaliser notre projet, malgré la pandémie, et comme règle de base, nous nous sommes mis d’accord pour ne pas séjourner dans des pays où les habitants souffraient de nombreuses mesures de restriction type confinement et où l’épidémie semblait hors de contrôle.
Et qui sait, si les effets de cette épidémie se prolongent encore quelques temps, il faudra peut-être s’habituer à voyager différemment ? Ou au contraire, à l’heure où certains pays parlent de plus en plus d’un passeport vaccinal, le temps des galères de voyages est peut-être bientôt terminé ? Et puis, ce monde d’après, en prenant moins l’avion, c’est un bon début comme ça, non ?
Ce voyage a été révélateur d’autres modes de gestion de la crise aussi – de la Suède où le gouvernement prônait le non-port du masque pour « ne pas instaurer un faux sentiment de sécurité » (sic), à la Roumanie qui incitait beaucoup la population à prendre sa température quotidiennement, à la Bulgarie qui a refusé de relâcher les mesures anti-covid pendant les fêtes pour rouvrir ses bars et restaurants dès la fin janvier. L’avenir seulement pourra nous dire s’il y avait ou non une bonne gestion de crise à adopter mais en tout cas, c’était assez rafraîchissant de discuter avec des Roumains habitant des villages par exemple qui ne parvenaient pas à concevoir le concept de “confinement” ! 🙂
Nous avons croisé peu de touristes au cours de ce voyage, quelques vans français, belges, polonais ou allemands par-ci par-là, même si c’est sûrement lié au fait que nous avons commencé notre voyage par les pays nordiques en plein hiver – à l’inverse, les “rumeurs de voyageurs” parlent de centaines de vans stationnés sur les plages grecques par exemple, en attente de la fin du confinement pour continuer leur périple. La Grèce qui a durement confiné sa population depuis novembre et compte maintenir la pression jusqu’à avril d’ailleurs pour rouvrir ses frontières à un tourisme de masse au plus vite et permettre à l’économie du tourisme de reprendre. Poursuite d’un modèle bientôt révolu ?
Le mot de la fin
Pour l’un de nous deux c’était son premier grand voyage, et malgré la pandémie, il lui aura quand même permis d’accomplir l’introspection qu’il désirait et de faire tomber de son piédestal le concept de « plus beau voyage de sa vie ». Cela nous a donné à tous les deux une autre vision de comment nous souhaitions voyager demain. On s’imagine des itinéraires en vélo ou en canoë pour nos prochaines vacances par exemple pour retrouver ce sentiment de paix et de tranquillité, et de pouvoir appréhender tout aussi sereinement l’histoire du lieu dont nous allons être les visiteurs. Et je pense surtout que nous ne planifierons plus jamais autant un voyage en avance – on a appris la leçon, il faut saisir l’opportunité quand elle se présente, et surtout une frontière quand elle s’ouvre. On ne regrette pas du tout d’être partis, et au-delà de ça, nous n’avons plus la sensation d’avoir perdu un an ce qui n’était pas forcément le cas en avril 2020. Covid – 2 ; Nous – 3 !
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