Faire du bénévolat à l’étranger : Pourquoi, Comment et Retour d’expérience 

Faire du bénévolat à l’étranger est une expérience enrichissante, marquante et de plus en plus recherchée.  Lorsque l’on décide d’être bénévole ou volontaire, on souhaite s’engager, donner de soi-même et partager les valeurs et les missions d’une organisation. C’est une démarche réfléchie et engagée et elle ne devrait pas être une idée que l’on décide sur un coup de tête. J’ai eu l’occasion d’être bénévole dans une association locale en Inde pendant plusieurs semaines. Retour sur mon expérience de bénévole et réponses à vos questions !

Dans cet article, je souhaite faire le point sur les questions qui reviennent le plus souvent à ce sujet:

  1. Définitions: Bénévolat, volontariat, mission humanitaire quelle différence ? 
  2. Pourquoi faire du bénévolat à l’étranger ?  
  3. Question pratique : Comment trouver une association ? Quel Visa de voyage? 
  4. Sur place : Se rendre utile quand on est bénévole 
  5. Réflexion : Faut-il vraiment partir à l’étranger pour vivre une expérience riche et intense ? 
  6. Faut-il payer pour faire du bénévolat/volontariat ?
  7. Mon retour d’expérience en tant que bénévole en Inde
  8. Ressources pour partir

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I. Bénévolat, volontariat : quelle différence ? 

Lorsque l’on parle de faire du bénévolat à l’étranger, on voit apparaitre plusieurs termes: volontariat, voyage humanitaire, et parfois même ‘volontourisme’. Ces termes se différencient par leur but et leur visée.
Moi je parle de volontariat et bénévolat, c’est à dire : l’action de travailler dans la coopération au développement et répondre à des problèmes structurels.
Si vous n’êtes pas sûr du terme à utiliser, voici un petit récap :

J’utilise les mots bénévolat et volontariat de manière synonymes. Le volontariat et le bénévolat signifient travailler dans le cadre d’une mission d’intérêt général sans être rémunéré. En France, ils se distinguent : on parle de volontariat quand on a signé un contrat de volontariat (on a alors un statut reconnu de volontaire). Quand on parle de bénévolat, on ne signe pas de contrat et on n’a pas de statut juridiquement reconnu.   (source : tourdumondiste

Le voyage humanitaire est une aide ponctuelle et d’urgence. Les missions d’aide humanitaire cherchent à “assurer l’assistance et la protection des personnes vulnérables et à répondre aux besoins fondamentaux des populations affectées par une catastrophe naturelle ou un conflit : accès à l’eau et assainissement, nourriture, abris et soins médicaux.” Ces missions ont donc pour but d’agir dans l’urgence, par exemple suite à un tremblement de terre.

Ce terme, utilisé dernièrement par des associations ou par la presse, montre du doigt ce tourisme de volontariat, ces “vacances de volontariat”. Il est le fruit d’agences de tourisme commerciales qui proposent des “vacances volontaires” où il faut souvent payer très cher pour pouvoir faire du bénévolat. (Oui… un véritable paradoxe!) 

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II. Pourquoi faire du bénévolat à l’étranger ?  

Il y a différentes raisons de vouloir faire du bénévole à l’étranger. Toutefois, le sujet fait débat. L’utilité, l’éthique et les moyens sont souvent remis en cause. Pour moi tout est question de ce que l’on recherche. Je suis persuadée que partir à l’étranger en tant que bénévole est une expérience extrêmement enrichissante tant sur le plan personnel que professionnel. De plus, c’est une expérience qui nous sensibilise à une cause, à vouloir aider les autres ou la nature. On partage des valeurs d’entraide et de dévouement.
Partir à l’étranger c’est s’ouvrir au monde, à d’autres réalités, c’est apprendre à travailler dans un autre univers, d’une autre manière, avec des gens qui ont des valeurs et coutumes, parfois, différentes des nôtres. C’est une opportunité d’apprendre énormément sur nous et sur les autres, et de pouvoir aider au développement local.  C’est être en immersion totale : on vit et on travaille dans le pays, dans la région et on en apprend davantage. Je suis convaincue que si chaque individu vit, une fois dans sa vie, une expérience à l’étranger, le monde n’aurait plus peur de l’étranger. 

Si vous songez à partir, posez-vous plusieurs questions : 

  • Qu’est-ce que je recherche ?  
  • Comment puis-je aider l’association qui m’accueille ? Quelles sont mes capacités, mes qualités ?  
  • Qu’est-ce que je souhaite apporter à la communauté locale ?  
Pourquoi suis-je partie en Inde?
Je ne vais pas mentir, au moment de partir en Inde je ne me suis pas posé 1000 questions sur l’éthique de ce départ. Pour moi, ce qui m’importait c’était d’avoir de l’expérience. Disons que mon bénévolat était un peu comme un « stage » non rémunéré après mes études. Dans mon cas, mon expérience de bénévole a été avant tout une façon de me mettre sur le terrain et de comprendre les enjeux locaux. Je venais d’être diplômée en relations internationales (en sciences politiques) et j’avais besoin de voir de mes propres yeux le fonctionnement d’une ONG à l’étranger.  J’ai donc vu dans cette expérience de bénévolat une opportunité d’apprendre sur le terrain.

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III. Comment trouver une association  

C’est sans aucun doute la tâche la plus compliquée et celle qui demande le plus de temps. Bien évidemment, vous trouverez facilement des « agences » qui vous proposerons un séjour de volontariat ‘clé en main’, pour lequel vous devrez seulement débourser quelques centaines (voire millier) d’euros pour aller réaliser un projet, sans vraiment savoir ce qu’il apporte réellement à la communauté locale.

Dès lors, comment trouver une association qui ne soit pas une industrie qui propose des « vacances volontariat » ? Et bien le mieux est de contacter directement l’association pour laquelle vous souhaiteriez travailler. Cela signifie que vous recherchez avant ce que vous souhaitez faire. Vous devrez donc vous approprier ce projet.
Ce n’est pas si simple. C’est bien probable que l’association ne soit pas présente sur internet ou n’aie pas de moyen de les contacter, dans ce cas, on peut se renseigner auprès d’associations qui se trouvent près de chez vous et qui travaillent sur le terrain.

Si vous n’êtes pas à l’aise avec l’idée d’entreprendre toutes les démarches seul(e)s, il existe beaucoup d’autres solutions ! Je vous partage plusieurs liens tout à la fin de l’article, dans les Ressources. Vous pouvez regarder du côté des petites ONG qui se trouvent près de chez vous (et qui travaillent à l’étranger) ou bien du côté du Service Volontaire Européen ou encore du Service Civile (en France),…

Le Service Volontaire Européen (SVE)

Le Service Volontaire Européen, ou S.V.E.  : 

  • Programme de l’Union Européenne pour les jeunes entre 18 et 30 ans. 
  • Séjour de deux semaines à un an dans un pays européen 
  • Possibilité de partir au Guatemala, en Chine, et en Russie.
  • Tout est pris charge : Avion, logement, cours de langue, nourriture, assurance, argent de poche. 
  • Aucun diplôme requis 
  • Aucun critère de langue 
  • Aucune expérience requise
PVT - Au Pair - WOOFFing
Certains choisissent de faire du bénévolat uniquement pour pouvoir voyager tout en ayant « une  bonne excuse ». Si c’est votre cas, vous pourriez envisager d’autres pistes :

Le PVT (Programme Vacances Travail) permet légalement de travailler dans un pays et de pouvoir y voyager pendant 1 an

le WOOFFing permet de loger gracieusement en échange de quelques heures de travail pour ou avec nos hôtes

Partir au pair permet de se faire loger et nourrir dans une famille en gardant les enfants de bas âge

Echanges scolaires et Erasmus

Les échanges scolaires (en secondaire ou à l’université), comme le programme ERASMUS ou ERASMUS+ permettent d’étudier à l’étranger mais aussi de faire un stage dans une entreprise à l’étranger. Il est possible de travailler pour une association ou ONG.

Faut-il un Visa spécial

Dans la majorité des cas, si votre mission de bénévole ne dure pas plus de 3 ou 6 mois, vous n’avez pas besoin d’un visa spécial et vous pouvez voyager en tant que “touriste”. C’est à dire que s’il peut que vous ayez besoin d’un visa touristique. 
 

Et plus encore, à retrouver à la fin de cet article dans les Ressources !

                   

Comment ai-je trouvé une association?

Lorsque j’ai décidé de partir en Inde, j’ai passé plusieurs semaines à rechercher des organisations et petites associations pour pouvoir m’accueillir en tant que bénévole. J’ai envoyé plusieurs emails, en anglais, directement à ces organisations. Je n’ai pas reçu beaucoup de réponses, mais il aura suffit uniquement d’une. Equal Community Foundation (ECF) – une fondation travaillant à Pune, près de Mumbai, m’a abord posé plusieurs questions sur mes motivations. Après quelques échanges d’emails, nous avons organisé un appel video par Skype pour concrétiser ma venue. Après quoi, j’ai fait ma demande de visa, réservé mes billets d’avion et me suis envolée pour le pays de Ghandi. Au total, ma démarche de « démarquage » aura pris 3-4 semaines, la prise de contact avec ECF et la finalisation des formalités 2 semaines, et ma demande de Visa 1 semaine. Il aura fallu moins de deux mois pour organiser mon départ et me retrouver dans le vol vers Mumbai !

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IV. Se rendre utile quand on est bénévole 

C’est pour moi une question très importante et, c’est un aspect qui peut être très frustrant pour celles et ceux qui décident de partir faire du bénévolat à l’étranger: savoir si notre travail est réellement utile. Est-ce que les choses ont pu évoluer ou avancer davantage grâce à mon apport ?  

La réponse est mitigée… Tout dépend de la mission et de la durée. En restant 2 mois dans une ONG, j’ai à peine eu le temps de comprendre son fonctionnement, de rencontrer les différents acteurs et de toucher à certaines tâches.  Ce n’est pas négatif, bien au contraire. Toutes ces petites actions ont été très enrichissantes.  Il ne faut pas oublier, aussi, qu’en venant aider une ONG, on lui permet de produire plus. 

Partir travailler pour une association à l’étranger est tellement enrichissant, autant sur le plan personnel que professionnel. Toutefois, il ne faut pas avoir de trop grandes attentes. Il ne faut pas croire que l’association qui nous accueille nous a attendu pour avoir de bonnes idées et pour agir sur le terrain. Au final, une mission bénévole de courte durée (quelques semaines ou 2 – 3 mois) n’apportera pas de changements radicaux. Mieux vaut ne pas avoir de trop grosses attentes sur les résultats à long terme de notre action.  Ceci dit, la démarche peut s’inscrire dans un projet à long terme. Si vous travaillez déjà sur le sujet et que vous souhaitez proposer vos idées ou les mettre en pratique une fois sur le terrain, cela pourrait bien sûr apporter de l’aide à l’organisation locale.

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V. Faut-il partir loin pour vivre une expérience riche et intense ?  

A-t-on besoin de partir à l’étranger pour vivre une expérience marquante ? Vous vous doutez probablement de la réponse. Non, il ne faut pas partir bien loin pour pouvoir apporter sa pierre à l’édifice et pour pouvoir faire bouger les choses. Peut-être êtes-vous déjà sensibilisés à une cause sociale ou caritative et que vous êtes déjà bénévole chez vous. 
Il ne faut pas croire qu’être bénévole dans sa ville ou dans sa région est moins « cool » que de partir en Afrique ou en Asie. Partout dans le monde il y a des associations qui ont besoin de bénévoles pour pouvoir effectuer leurs activités. Même près de chez vous, il y a des gens dans le besoin, ou il y a une cause à défendre. Ce serait dommage de les négliger.
Par exemple, depuis mon retour de l’Inde, je me suis engagée auprès de la Croix Rouge de Belgique pour sensibiliser les élèves du primaire au Droit International Humanitaire. J’ai donc suivi une formation pour pouvoir animer des classes. Chaque mission était extrêmement enrichissante et intense. 
Si vous partez enseigner l’anglais ou le français dans une école en Afrique, quand vous revenez, vous pouvez donner de votre temps pour des associations qui accueillent des enfants immigrés. 

Je dirai que mon expérience de bénévole en Inde m’a donné envie de continuer à être bénévole même ici, en Belgique.

Question pratique: Doit-on payer pour être bénévole ?  

Sur ce point, je me positionne à l’encontre de tout ce que vous pouvez lire sur le net, parce que pour moi NON, on ne paye pas pour faire du bénévolat ! 

On ne paye pas aux « Ressto du Cœur » un ticket d’entrée pour pouvoir venir aider à préparer des repas aux personnes qui sont sans abris. De même, on ne paye pas une organisation pour pouvoir être bénévole.  

Mais donc… Est-ce que c’est gratuit ?  

Ce n’est PAS pour autant gratuit. Si on part à l’étranger, il faut payer son déplacement, trouver son logement et se nourrir sur place. (Normal, non ?) Si l’organisme d’accueil vous propose un hébergement et vous demande une petite participation en contre-partie, alors, c’est tout à fait normal. Ce à quoi je m’oppose c’est cette industrie du « voyages – volontaires – à tout va » 

Dans le cas contraire, et si vous passez par un organisme (du style, une multinationale qui organisme des « séjours volontaires à l’étranger »), vous vous trouvez alors dans l’onglet : Volontourisme.  

VII. Retour de mon expérience de bénévole en Inde

En 2015, je suis partie en Inde pour m’engager au sein d’une organisation locale qui travaille avec des garçons et jeunes adolescents afin de lutter contre les violences faites aux femmes. Le directeur de l’organisation Equal Community Foundation avait répondu positivement à mon email demandant si je pouvais venir travailler en tant que « bénévole ». Pendant ces quelques semaines, j’ai été bénévole, c’est à dire que je n’étais pas rémunérée. J’ai appris énormément et j’ai tenté, tant bien que mal, de me rendre utile. Au final, j’ai appris énormément de la culture indienne en étant immergée totalement au coeur de celle-ci. J’ai aussi appris à poser un regard différent sur les enjeux de discriminations faites aux femmes en Inde. Je suis consciente que, paradoxalement, je n’ai pas réussi à apporter à l’organisation et la société autant que ce qu’ils m’ont appris. Aujourd’hui j’en suis consciente, c’est une question de temps…

 


Retrouvez mon article sur mon expérience de bénévole en Inde

 

Ressources

 

Vous avez des questions sur le bénévolat à l’étranger?
Souhaitez-vous partir?
Etes-vous déjà partis?
Parlons-en !

 

 

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7 Comments

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  1. says: Sarah

    Bonsoir
    je tenais à te remercier pour cet article clair et bien détaillé sur le bénévolat. Je recherche justement à partir quelques semaines ou mois l’étranger et je voulais travailler avec les enfants, dans une école ou un orphelinat. Ton article me fait réfléchir et j’ai trouvé de nombreuses pistes, alors merci !

    1. says: Florence - Reporter on the road

      Bonsoir Sarah ! Merci beaucoup pour ton commentaire et je suis vraiment ravie que ces quelques conseils et retour d’expérience puisse t’aider à réfléchir et à trouver ta voie 🙂 N’hésites pas si tu as d’autres questions.
      A bientôt

    2. says: Md67

      Bonjour,
      Attention je me suis beaucoup renseignée après une polémique sur le “volontourisme”, il est important de bien réfléchir aux conséquences positives et négatives. Beaucoup d’articles citaient l’exemple des orphelinats : le turn-over de volontaires qui ne restent que quelques semaines dans l’orphelinat permet-il vraiment aux enfants de trouver une stabilité affective ?
      La volonté de partir aider est bonne en elle-même mais il faut répondre à beaucoup de questions

      1. says: Florence - Reporter on the road

        Bonjour, je suis d’accord avec vous! J’essaye également d’inviter les lecteurs à réfléchir et se poser les bonnes questions avant de partir. Il est important de connaître toutes les facettes du volontariat à l’étranger. Et pour l’exemple de l’orphelinat, c’est un très bel exemple pour illustrer cette tendance à croire que le volontariat n’est au service que des volontaires et pas forcément aux populations locales. Sujet qui reste ouvert…