Les îles Lofoten, deux semaines de trek dans le cercle polaire

Cela peut paraître bizarre de partir dans le cercle polaire pendant l’été, quand on pourrait profiter de la mer et du sable chaud, mais les paysages sauvages du Nord et le soleil de minuit ont gagné pour nous cette année ! Cap sur les Lofoten, un archipel de 7 îles situées à l’ouest de la Norvège, à 120 km au nord du cercle polaire, impressionnant de par ses montagnes abruptes et très minérales plongeant dans eaux souvent turquoises.

Nous sommes partis là-bas pour tenter de traverser l’archipel à pied, du Nord au Sud. Il n’y avait pas vraiment de réflexion derrière ce choix mais plutôt une envie de se débarrasser de tous les transports en commun (avion – ferry – bus) dès le début du voyage pour s’adonner tranquillement à la randonné par la suite. Oui mais seulement, les Lofoten ne sont pas vraiment propices au trekking à moins d’être un randonneur expérimenté avec du matériel extrêmement adapté (notamment par rapport au poids du sac). En effet, non seulement ça grimpe dur pour atteindre les sommets même s’ils ne sont pas très hauts (30% de pente plutôt souvent), mais il faut ensuite marcher entre les départs de rando, bien souvent sur des portions de route. Nous avons donc fait beaucoup d’auto-stop et loué une voiture également pour quelques jours.

Sur cette carte, vous retrouvez les noms des îles qui composent les Lofoten et les différentes randonnées dont nous vous parlons dans cet article. Pour les infos pratiques, c’est tout à la fin ! 

 

Lofoten : Les 6 randos à ne pas manquer !

 

Nous avons gravi autant de sommets que la météo nous permettait et voici notre top 6.


Matmora 
(île d’Austavagøya)

Une randonnée d’environ 10km de long, avec un dénivelé positif de 940m, pour atteindre un sommet culminant à 788m. La randonnée peut se faire en aller-retour ou en traversée (le sommet est à mi-chemin en termes de temps). Une randonnée plutôt facile (elle est assez fréquentée d’ailleurs) malgré un départ très raide et un sommet entouré de pierriers, sans passages vertigineux. Vue sur l’archipel des Vesterålen par temps clair. Bivouac possible aux départs de la rando, et même pendant la rando, après une heure de marche environ quel que soit le sens dans lequel vous faites la traversée.

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Himmeltindan ou Sommet du Ciel en norvégien (île de Vestvagøya)

Le plus haut sommet de l’île à 930m, un panorama à 180° spectaculaire ! Une randonnée extrêmement raide dans de la terre meuble, longue d’environ 8 km A/R avec 950m de dénivelé positif, mais cependant hyper fréquentée malgré la difficulté (certains font le sommet en courant !). Les bâtons sont conseillés. Une rivière coule le long du sentier pour remplir les bouteilles d’eau. Le parking est payant au départ de la balade (le moyen de paiement étant le virement, ce système repose relativement beaucoup sur la confiance et le bon-vouloir des randonneurs).

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Narvtinden (île de Moskenesøya)

Une balade qui commence gentiment sur de grandes dalles de pierres avant de devenir franchement escarpée à partir de 300m d’altitude jusqu’à suivre la crête de sommet (677m). Cette randonnée de 7km se fait en 4h environ, avec un dénivelé de 680m, à travers un paysage plutôt original car le sentier longe le gigantesque lac de Solbjørnvatnet.

 

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Munkan (île de Moskenesøya)

Suivre le chemin pour le refuge de Munkibu, légèrement en aval du sommet de Munkan à 769m d’altitude. Attention, il faut réserver le refuge en avance ! Une randonnée plutôt facile de 16km (possibilité de faire une petite boucle) le long d’une enfilade de lacs avec un dénivelé de 1100m – environ 6h de marche. Pas de passages aériens mais pas mal de passages où il faut s’aider des mains pour gravir des blocs de pierre, ou dans la boue, donc de bonnes chaussures sont nécessaires !

 

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Justadtinden (île de Vestvagøya)

Une randonnée en pente douce pour une fois, 16km pour 800m de dénivelé avec un sommet à 738m, la descente est presque monotone après nos autres randonnées aux Lofoten ! Comme le sommet se situe au sud de l’île, il est possible d’apercevoir les côtes norvégiennes par beau temps. Le départ de la randonnée se situe dans une aire de repos donc il y a un point d’eau là pour les bivouaqueurs.

 

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Nusfjord & Tonsasheia (île de Flakstadøya)

Une randonnée côtière sur un ancien chemin de pêcheurs entre Nusfjord et Nesland, qu’il est possible de coupler avec le sommet de Tonsasheia pour les plus courageux. Le chemin de côte est ludique avec des échelles et des mains courantes. Nous avons tenté la boucle en passant par le sommet de Tonsasheia par le côté ouest mais le déconseillons car le chemin a disparu et est très aérien. Le chemin côtier seul fait 5km de long avec un dénivelé de 250m dans un sens.

 

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Rorbus, pêche et camping

Mis à part randonner, nous avons visité quelques villages avec leurs rorbus typiques (cabanes de pêcheurs rouges sur pilotis) et impossible de rater les étendues de poissons en train de sécher sur des grands étendoirs à travers l’archipel. Deux villages de pêcheurs sont particulièrement touristiques sur les Lofoten : Nusfjord (île de Flakstadøya) et Å (île Moskenesøya). Les deux étant tout autant touristiques l’un que l’autre (ce sont des villages-musées en quelque sorte), nous conseillons plutôt d’aller à Å pour pouvoir assister au filetage des poissons, et qui a le mérite de ne pas faire payer l’entrée au village (environ 7€ à Nusfjord !).

Pour ceux qui voudraient s’essayer à la pêche, les eaux sont réputées pour être riches en cabillauds, flétans, lieus noirs … Pour notre part, ce fut chou blanc mais nous avons rencontré des pêcheurs beaucoup plus chanceux que nous ! Vous pouvez pêcher les poissons d’eau de mer sans permis, tant qu’ils sont destinés à votre consommation personnelle. Selon les saisons, il est aussi possible de voir des phoques et des orques depuis la côte.

Pour l’anecdote, si nous avons cherché à pêcher, c’est que le coût de la vie est extrêmement élevé dans les Lofoten – ce qui est généralisable à la Norvège dans son ensemble probablement. C’est aussi pourquoi nous avons privilégié le camping sauvage et fait du stop par moments (l’autostop est nettement plus rapide que le bus aux Lofoten – qui ne sont vraiment pas fréquent et s’arrêtent très souvent ! Et au moins, on est sûrs de ne pas se tromper d’arrêt).

Le camping sauvage est relativement facile aux Lofoten en été. En effet, la loi norvégienne autorise cette pratique (le droit d’accès à la Nature est régi par la loi allemannsretten qui veut littéralement dire le droit de tous) sous réserve de respecter l’environnement, de ne pas rester plus de 2 nuits au même endroit à proximité d’habitations, et de respecter une distance d’au moins 150 mètres avec l’habitation la plus proche. Il est interdit de faire un feu de camp en forêt, ou à proximité de forêts, du 15 avril au 15 septembre. Le soleil de minuit, des températures plutôt clémentes (10-15°C en juillet pour nous) ainsi que la multitude de points d’eau ont rendu l’expérience agréable. Il est souvent possible de camper à proximité des aires de repos afin de profiter de WC propres et de pouvoir recharger ses réserves d’eau.

Attention ! Le camping sauvage est nettement plus difficile sur la côte sud de Moskenesøya. Cette île étant particulièrement minérale, il y a très peu de coins d’herbe où le camping est possible (et qui soit à une distance acceptable des étendoirs de poissons dont l’odeur est inégalable). Il faut bien chercher autour du port de Moskenes par exemple ou le long du départ de randonnée pour Munkan sinon.

En cas d’intempéries, les campings sont équipés de cuisines et de laveries (lessive payante). Attention, les douches sont très souvent payantes et accessibles uniquement pour les campeurs (carte magnétique) donc impossible d’uniquement venir se doucher au camping puis repartir.

 

Pour résumer, c’est une grande aventure qui vous attend là-bas, tant physiquement si vous faites de la randonnée que par la découverte de ces îles, de leur culture, et des gens qui y habitent – avec des vues spectaculaires à la clé (et dures à prendre en photo, même en panorama !), pour un aperçu du Grand Nord dans des conditions climatiques et logistiques plus que confortables 😊

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Quelques conseils
pour préparer le voyage

Vol Bruxelles > Oslo puis Oslo > Bodø, avec SAS Airlines. Liaison régulière en ferry entre Bodø et Moskenes avec la compagnie Torghatten Nord As (8 ferrys par jour pendant la haute saison.

  • Durée de la traversée : 3h30.
  • Coût : 22,5€ (prix d’un aller simple pour un piéton adulte).

Il est également possible de rejoindre Svolvær par express boat depuis Bodø en 3h30, pour 68€, avec la compagnie Ruteopplysningen (route 178-22). Svolvaer possède aussi un aéroport.

 

Nous vous donnons ici les références du matériel que nous avons utilisé à titre indicatif. De manière générale, les chemins de randonnée sont peu visibles et raides donc il faut veiller à s’équiper avec des chaussures et du matériel adéquats – notamment des vêtements chauds et des vestes imperméables!

  • Duvet : Cumulus Panyan 450, ultra léger et température de confort à 0°C
  • Tente : Tente de trek QuickHiker Ultralight 2 personnes. Relativement légère (1,96kg) mais pas assez imperméable pour les Lofoten. Une bâche pour protéger le sol de la tente contre l’humidité est conseillée !
  • Matelas : Matelas de trek Forclaz autogonflant (750g)
  • Réchaud : Réchaud MSR Pocket Rocket (85g) et recharges de gaz Primus pas chères au Intersport de Svolvaer. Le pare-vent pour réchaud nous a été très utile s’il reste de la place dans le sac !
  • Couvre-sac imperméable : Housse de protection anti-pluie de base chez Decathlon
  • Produits nettoyants : Le savon du Dr Bronner nous a servi à la fois de savon, shampoing, lessive et liquide vaisselle. Rien à redire pour deux semaines.
  • Plats lyophilisés de marque MX3, plutôt savoureux, copieux, avec un grand choix de plats.
  • Boussole et cartes topographiques : Une carte topographique au 1:100 000ème nous a suffi pour les randonnées suggérées. Il est possible d’acheter sur place des cartes au 1:50 000ème pour les différentes régions de l’archipel.
  • Conseil de guide touristique : Randonner aux îles Lofoten de David Souyris et Magdalena Brede
  • Les bâtons ne sont pas de trop pour certaines randonnées où le chemin monte droit dans la pente sur une distance soutenue
  • Couverture de survie et trousse à pharmacie (nous avions pris des pastilles purificatrices d’eau mais nous n’en avons pas eu besoin)
  • Bonus : un panneau solaire pour recharger les téléphones et autres appareils électroniques (chargeur USB). Ou une batterie externe 😊 

 

Nous avons essentiellement fait du camping sauvage. Il est souvent possible de trouver un spot splendide et tranquille à proximité des départs de rando.

Si vous voyagez en voiture, les aires de repos sont propices au bivouac car elles sont souvent équipées d’un point d’eau et de WC. En théorie, camper y est interdit mais tout le monde le fait 🙂

En cas de mauvais temps, les campings sont néanmoins pratiques pour se réfugier au chaud (et se laver avec de l’eau chaude !). Attention, les campings sont plutôt adaptés aux campings-caristes et locataires de bungalows, donc les espaces réservés aux tentes se remplissent vite et il est conseillé d’arriver avant 16h sur place afin d’être sûr d’avoir son carré d’herbe.

  • Camping de Lyngvaer : « le Bobil camping« . Prix moyen pour les Lofoten (210 NOK / 22€ la nuit pour 1 voiture et une tente) mais douches payantes.
  • Camping de Hov : emplacement idyllique en bord de mer et pas très cher (175 NOK / 18€ la nuit pour 1 voiture et une tente). Douches également payantes. Lien ici.
  • Camping de Moskenes : très pratique pour prendre le ferry mais bondé et cher (sauf les douches, seul camping où elles sont gratuites !). Lien ici.

Finalement, de nombreux rorbus sont à louer pour les particuliers et pour les groupes, pour une expérience plus confortable et pittoresque – mais c’est une toute autre gamme de prix ! (100€ la nuit minimum pour un rorbu 2 personnes)

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7 Comments

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    1. says: reporterontheroad

      C’est vrai qu’avec un tel résumé et de si belles photos, ça donne très envie d’aller dans les Lofoten (même s’il fait sans doute assez froid…) ! Merci pour le commentaire 🙂